Interview: « La musique m’a fait vivre, et m’a gardé debout (…), confie Céline Banza
- AWA MAKAMBU TV
- 28 févr. 2022
- 6 min de lecture
Du cadeau qui l’a poussé à faire de la musique à son passage dans le septième art, de son école de musique à la sortie de son tout premier album, de son prix Découvertes à ses projets pour l’an 2022 et sa collaboration de rêve, l’artiste chanteuse Céline Banza s’est ouverte à Arts.cd lors de son passage à Goma au Nord-Kivu pour le tournage de son clip. Rencontre :
Avec la guitare offerte par votre père, c’est bien ce cadeau qui vous a poussé à faire de la musique ?
Exactement. Le choix de la guitare, c’est mon père, et c’est ça ma motivation de continuer jusqu’à présent. Concernant son histoire, mon père avait voyagé pour l’Europe, il est revenu et il ne m’a pas apporté de cadeau. De mon côté, j’étais très triste et il ne me parlait pas non plus. Apres 2 ou 3 jours, je pense, je suis entrée dans sa chambre avant d’aller et j’ai vu, sur la tête de son lit, une guitare. Je savais toute suite que ça m’appartenait. Je l’ai pris et l’amenait même à l’école et après il m’avait dit que c’était mon cadeau et qu’elle était restée dans l’avion.
En 2017, après avoir développé le goût pour la musique, la danse, le théâtre et le cinéma, vous jouez votre premier rôle dans le court métrage « Tamuzi ». Vous pouvez nous parler de cette première expérience au cinéma ?
C’était une belle expérience. Par hasard, j’ai rencontré le réalisateur et il m’a dit : « écoute, Céline, je te veux ». Et après, quand j’ai lu le scenario et tout, ça me ressemblait, on est parti sur ce film. J’espère qu’un jour je serais encore sur la scène du cinéma. Ce film était une expérience personnelle, je me suis découverte dans le cinéma, que je peux jouer un rôle, ça m’a laissé vraiment un gout du cinéma.
« (…) Je suis donc très fière d’avoir passé par l’institut national des arts »
A vos 17 ans, vous intégrez l’Institut national des arts de Kinshasa pour étudier la musicologie. Parmi tant de disciplines que vous avez développées durant votre enfance, pourquoi vous avoir seulement focalisé un peu plus sur la musique ?
Parce que j’avais cet objectif. Pour moi, c’était la musique ou rien. La musique m’a fait vivre, la musique m’a gardé debout et elle m’a beaucoup soutenu moralement et même physiquement. Je ne me voyais pas en dehors de la musique.
En quoi ces études ont-elles été utiles pour vous vu que, comparativement à tous les grands musiciens congolais, personne n’a quasiment fait une école de musique ?
La musique est une science. C’est toujours important d’avoir des bases et moi je voulais en avoir, ces techniques et avec l’orientation que j’ai faite. Ça m’a encore ouvert les yeux, ça m’a donné plusieurs opportunités. Je suis donc très fière d’avoir passé par l’institut national des arts.
C’est au cours de ces études que vous formerez le groupe Banza Music. Vous pouvez nous parler de ce projet et pourquoi on n’attend plus parler de cette initiative ?
Banza Music n’était pas un groupe. C’est que je devais jouer un concert, le premier grand concert de ma vie, je n’avais pas de groupe. C’est le présentateur qui ne s’avait pas comment m’appeler sur scène car il y avait plusieurs groupes. Au moment de m’appeler, le présentateur a dit « Je vais appeler Banza Music » et c’est comme ça que c’était resté même dans la presse et tout. Banza Music n’a jamais été un groupe, Céline Banza s’est fait toujours accompagner des musiciens.
« Ma musique tourne autour de moi, de mon entourage, de tout ce que je vis. Donc, c’est normal que mes chansons parlent de tout ça car c’est mon quotidien »
Comment votre participation dans l’émission « The Voice Afrique Francophone » en 2017 vous a poussé à entamer une carrière d’artiste musicienne ?
C’était une belle expérience et j’avais un bon coach : Asalfo. C’était une bonne chose que je n’avais pas vu toute de suite parce que quand je suis retournée à Kinshasa, c’était comme un échec. C’était un regret, j’avais un choc mais j’ai retenu une phrase qu’Asalfo m’a dit : ‘’ C’est toi qui choisit. Soit de reste en bas, soit de te relever et continuer et ce n’est qu’à toi de nous prouver le contraire de ce qu’on a vu ici ’’. Et quand je suis retournée à Kin, je me suis fait entourer de musiciens et je ne suis jamais arrêtée depuis.
A vos 22 ans, vous avez remporté le prestigieux « Prix Découverte », qui a propulsé les artistes comme Tikeh Jah Fakoli ou encore Didier Awadi, et récemment votre compatriote Alesh. Alors, comment aviez-vous accueilli cette nouvelle en novembre 2019 ?
Je ne m’attendais pas du tout à cette réussite parce que je n’avais aucun son, aucun clip, rien du tout. Mais c’était de la découverte. Ils m’ont mis en avant et les gens ont voté pour moi. Et ça me surprend toujours, à chaque fois que j’y pense, voir cette expérience là et tout, je me dis : ‘’qu’est-ce que j’avais de plus ? ‘’. C’était aussi le résultat, je pense, de beaucoup de travail parce que j’avais l’objectif de finir quelque part, je voulais que je les gens disent que j’ai eu raison de faire de la musique.
Vos chansons abordent des sujets poignants et révoltants soit pour défendre les droits de la femme et des enfants ou évoquer de vos souvenirs. Que représente la musique pour vous ?
La musique, c’est ma vie. Elle me fait vivre. Elle m’aide à voir la vie de plusieurs manières. Ma musique tourne autour de moi, de mon entourage, de tout ce que je vis. Donc, c’est normal que mes chansons parlent de tout ça car c’est mon quotidien.
« Goma a été la ville parfaite pour ce clip car quand j’écrivais cette chanson, j’avais beaucoup d’images et quand il y a ce drame (éruption du volcan Nyiragongo) et l’insécurité, ils nous laissent sans mot »
Vous avez certainement sillonné plusieurs pays d’Afrique et avez déjà participé dans plusieurs festivals. Céline, quel est votre plus grand évènement culturel auquel vous avez eu à prester ?
J’ai déjà fait beaucoup de dates et beaucoup de pays aussi. En tout cas, tous ces endroits étaient de belles expériences, tous étaient particuliers. Il y a eu de moments où on n’était pas satisfaits mais on a fait avec et au final les gens étaient contents. Donc, je n’ai pas une seule date (concert) mais je dirais que c’était une première pour moi et que ça reste une expérience qui a aidé à contribuer dans ma vie artistique. C’est tous les concerts auxquels j’ai déjà pris part qui sont grands.
Qu’est-ce que ça vous fait d’être dans le label « Bomayé Musik » et de côtoyer les grands comme Youssoupha, Christian Lepira, Philo… ?
Je suis contente d’être là. Aussitôt ils sont venus vers moi, tout est allé le plus naturellement possible et moi j’ai dit que j’ai besoin d’être accompagnée, d’être entourée par les personnes qui maitrisent un peu ce milieu-là. C’est une belle expérience. Il y a des hauts et des bas. Ce sont les relations humaines et moi j’apprécie tous les instants passés au sein de ce label.
Avec votre album « Praefatio », sorti l’an dernier, vous considérez vous déjà comme faisant partie de la nouvelle génération des artistes africains qui comptent et émergent ?
Moi je fais ma part. Je suis chanteuse. Je suis artiste et j’ai déjà sorti un album. Je dois continuer. Je ne peux pas moi-même me qualifier de quoi que ce soit, moi je ne fais que chanter, jouer ma guitare et je compte bien explorer le monde.
Vous êtes à Goma pour le tournage d’un clip, c’est quoi vos projets pour cette année ?
En 2022 on va sortir un EP qui s’appelle «Prayer » et il aura 6 titres. Et après, peut-être, je vais retourner en studio pour préparer mon deuxième album. Goma a été la ville parfaite pour ce clip car quand j’écrivais cette chanson, j’avais beaucoup d’images et quand il y a ce drame (éruption du volcan Nyiragongo) et l’insécurité, ils nous laissent sans mot. Je me suis dit, je dois aller faire ce clip avec ceux qui vivent ces atrocités et je crois que c’est une vraie prière qu’on a fait ensemble.
C’est quoi votre featuring de rêve et pourquoi ?
J’en ai beaucoup et moi j’aime beaucoup les découvertes. Quand il y a un artiste qui me parle, c’est tout de suite j’aime collaborer avec lui mais j’aimerais un jour chanter avec Gim’s, je l’aime beaucoup et sa musique m’a vraiment aidée. J’aime aussi une artiste française qui s’appelle Yseult.
David Kasi/Nord-Kivu
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