top of page

Bob Elvis: « (…)avec ou sans machine à voter, on devrait aller aux élections »

Devenu l’une des figures  de la musique urbaine, Bob Evis a lancé son album « Anti-médiocrité » dénonçant les maux qui rongent sa société directe. Dans son combat, Bob Masudi, de son vrai nom, Bob Elvis accorde une interview à arts.cd sur sa carrière artistique, son album  et son avis sur les élections en République démocratique du Congo (Interview).


Comment vous avez rencontré la musique ?

D’abord,  je suis né à Kisangani et arrivé à Kinshasa grâce à CCIRC en 2002-2003. Depuis la Province orientale, je faisais déjà le rap dès l’âge de 11 ans. Mon premier album, je l’avais sorti en 2015, intitulé : « J’amène la clef ». Cela a été sacré meilleur album rap par les chroniqueurs hip hop congolais de l’époque. Cet album m’a permis de faire plusieurs festivals en Europe et en Asie. Grâce aussi à celui-ci, je suis retourné à Kisangani en 2016 pour un concert et là, le Maire de la ville m’avait accueilli. Je suis le premier artiste congolais pour qui un étudiant a rédigé un mémoire de fin d’études à l’Ifasic se basant sur la chanson « 8 millions de morts ».

Et, le titre « Dégage » qui m’a rendu célèbre. Il est  arrivé au mois de février 2018 exprimant nos coups de gueule de la situation socioéconomique. Mais l’idée était de sortir le projet « Futur millionnaire ». « Dégage » est arrivé comme projet transitoire et je voulais aussi intégrer ma communauté congolaise en rapant en lingala.

« Les autorités doivent savoir qu’elles dirigent aussi un peuple. Elles ne doivent pas nous traiter comme des animaux et on doit seulement subir toutes leurs décisions. Non. C’est ça le sens de mon discours ».

En auscultant bien les titres et son contenu de votre album « Anti médiocrité », il y a une sorte de répétition sur les 10 titres. Comment expliquez-vous cela ?

Moi, j’aime bien écrire des albums comme ça. C’est un ensemble. C’est comme-ci j’étais en train de développer « Anti-médiocrité » dans l’album. Moi, j’aime bien ce genre d’exercices.

Le public vous reproche de vous attaquer directement aux autorités, en utilisant leurs sobriquets…

… (Rire…) Non, non,… Il est vrai que nous, Congolais, aimons bien philosopher. On est fort en référencement. Mais, c’est aussi une occasion pour nous de nous mettre en face de nous-mêmes. Les autorités doivent savoir qu’elles dirigent aussi un peuple. Nous sommes des humains. Elles ne doivent pas nous traiter comme des animaux et on doit seulement subir toutes leurs décisions. Non. C’est ça le sens de mon discours. C’est très important que les autorités soient exemplaires. Un ministre qui se masturbe dans une vidéo, doit vite démissionner pour la moralité. Mais hélas !

« Je me dis parfois que je suis artiste et militant… »

Dans vos chansons, on sent le côté militantisme de Bob Elvis. Qui êtes-vous finalement : artiste ou militant ou carrément artiste-militant ?

Le côté militant est parti de mon père. Il était politique avant de devenir pasteur. Et il a gardé de mauvais souvenirs de la politique. Et moi, je suis né dans ce contexte. Tout ce que j’ai vécu  étant enfant, je crois que cela aussi a renforcé mon côté militant. Né dans une ville comme Kisangani, ville des martyrs et des héros, il y a des choses révoltantes qui te traversent la tête et qu’il faille dénoncer pour ne pas te laisser faire. C’est pourquoi je me dis parfois que je suis artiste et militant…

…En toi, qu’est-ce qui influence l’autre ? Militantisme influence l’artiste ou est-ce l’artiste en toi qui influence ton militantisme…

… je crois que cela dépend du contexte. Ça s’est fait ressentir plus dans cet album, vu le contexte qu’on traverse dans notre pays. Dans l’album précédent, ça s’est fait moins ressentir. Deux titres seulement avaient fait allusion à la politique.

« Anti-Médiocrité » a aussi le côté festif. Bob Elvis se dit : c’est vrai qu’il y a des problèmes, mais les gens doivent aussi danser !

Si, si. C’est un peu mon côté Bandalungwa, Wenge, Fally… Tout ce qu’on a reçu dans son environnement, qu’on le veuille ou non, ça se manifeste toujours. Je le fais sans trop calculer. C’est une expression qui est venu de l’âme.

Vous allez proposer un album sans vous attarder à la vie sociopolitique, « Futur Millionnaire », quel sera son contenu ?

Le sens de ma musique est de donner de l’espoir. Mon souci est que les gens se référent à mon parcours ; né à Kisangani, grandi à Bandal et il est devenu millionnaire. Un rapeur qui a commencé à Kinshasa, il a fait Olympia, Zénith, Bercy,… j’ai envie de servir d’exemple à ceux qui sont dans le même domaine que moi. Voilà, c’est ça l’idée de « Futur millionnaire ». Bats-toi, tu peux réussir.

« (…) l’histoire derrière la machine à voter me fait un peu mal »

A l’instar de Koffi Olomide, Jean Goubald, quel est votre avis sur l’utilisation de la machine à voter aux prochaines élections en RDC ?

Je vais rebondir sur ça très bientôt. Je vais donner ma position prochainement. Au deuil de Rossy Mukendi, j’avais dit qu’avec ou sans machine à voter, on devrait aller aux élections. Parce que je constate que les politiques sont en train d’embrouiller le peuple. Chacun veut tirer le drap de son coté. Je venais de comprendre l’histoire derrière la machine à voter, ça me fait un peu mal. Je pense qu’on n’est pas prêt pour ça.  Mais je vais me prononcer très bientôt. Je tenais à remercier  www.arts.cd pour tout ce qu’il fait pour nous artistes congolais.

Onassis Mutombo

Comments


bottom of page